9.4.12

SAVE THE DATE



Portrait au revolver, Jacques Rigaut (écrivain dadaïste, 1898-1929)

FRANCE CULTURE mardi 24 avril 2012 - 23:00




Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, réalisé par Céline Ters
Avec Grégoire Leprince-Ringuet, Daniel Darc, Jean-Luc Bitton
Et la voix de Philippe Soupault et de Louis Malle



« Tant que je n’aurai pas surmonté le goût du plaisir,
je serai sensible au vertige du suicide, je le sais bien » - J.R.


Ceci n’est pas un portrait. Encore moins un hommage. Mais une résurrection comme un coup de feu. De ceux qui jalonnèrent la vie de l’écrivain Jacques Rigaut.
Le feu de la première guerre. L’emprise violente de Dada. Le corps à corps fugitif avec l’écriture. Le vertige du suicide.
Jacques Rigaut n’a vécu que 30 ans, mais il a laissé sur ses contemporains, et bien au-delà, un souvenir aussi entêtant que son obsession méticuleuse pour le suicide.
Maître des aphorismes, des récits sacrifiés, Rigaut a écrit comme il a vécu : sans espoir du lendemain.
A l’âge de 23 ans, il cesse de publier ses textes.
D’ailleurs, Rigaut n’a pas écrit, il a raturé sur le vif : « penser est une besogne de pauvres, une misérable revanche. Il n’y a pas 36 façons de penser ; penser, c’est considérer la mort et prendre une décision ». Une décision que Rigaut a prise depuis longtemps…
A 24 ans, Rigaut se jette contre un miroir pour tenter de faire corps avec son double. De ce fracas, naîtra Lord Patchogue : l’homme qui « criait son propre nom lorsqu’il faisait l’amour, comme pour en frapper son adversaire, comme une seconde manière de jeter sa semence ».
Le 6 novembre 1929, après une dernière nuit blanche, il se tire une balle dans le cœur. En pur dandy qu’il fût (« le plus beau et le mieux habillé de Dada », selon Man Ray – avec qui il tourna le cinépoème Emak Bakia), Rigaut a posé le canon du revolver contre son cœur, après s’être servi d’une règle pour être certain de ne pas le manquer. Il a posé un drap de caoutchouc pour ne pas abîmer le matelas, et un oreiller pour amortir le son de la détonation. Il s’agissait surtout de ne pas rater son suicide. Rigaut avait 30 ans.

« Je serai un grand mort », avait-il écrit.

Breton, Drieu la Rochelle, Soupault, Eluard, lui consacrèrent maints récits ou témoignages, jusqu’au Feu follet que Louis Malle adapta au cinéma en 1963, et qui narre les derniers jours de la vie de ce « Chamfort noir ».

Ceci n’est pas un portrait. Mais un rendez-vous programmé avec la mort.

Avec :

* Lecture des aphorismes et des écrits de Jacques Rigaut par le comédien Grégoire Leprince-Ringuet et d’Adieu à Gonzague de Drieu la Rochelle par le chanteur Daniel Darc, grand admirateur de l’écrivain.

* Bande son du film de Louis Malle

* Archives Ina de Philippe Soupault et de Louis Malle

* Visite à Jacques Rigaut au cimetière de Montmartre avec Jean-Luc Bitton, biographe de Rigaut (et de Lord Patchogue…)