27.2.09

Des nouvelles de l'AGS : Final Exit Network VS Not Dead Yet



Le débat sur le suicide assisté aux Etats-Unis a été relancé par l'arrestation de quatre membres d'un groupe américain prônant le droit de mourir, soupçonnés d'avoir aidé un homme de 58 ans à mettre fin à ses jours en Géorgie.

Thomas Goodwin, président du groupe "Final Exit Network" (Réseau Issue Finale), et Claire Blehr, ont tous deux été arrêtés mercredi à Atlanta, avant d'être remis en liberté contre une caution de 66.000 dollars chacun.

Les autorités du Maryland ont pour leur part arrêté le directeur médical de l'organisation, le Dr. Lawrence Edbert, et Nicholas Alec Sheridan, un habitant de Baltimore, coordinateur régional pour le groupe. Ils ont comparu vendredi devant un tribunal du Maryland pour déterminer s'ils pourront être jugés en Géorgie.

La majorité des Etats américains prévoient de lourdes sanctions pour les personnes jugées coupables d'assistance au suicide. En Géorgie, la peine peut aller jusqu'à 5 ans de prison. L'Oregon et l'Etat de Washington ont en revanche légalisé le suicide avec assistance médicale.

Les autorités géorgiennes ont commencé leur enquête sur "Final Exit Network" après le suicide en juin dernier de John Celmer, 58 ans, atteint d'un cancer de la gorge et de la bouche. Selon elles, l'organisation pourrait être impliquée dans près de 200 autres décès aux Etats-Unis.

Les membres du réseau contestent le terme de suicide assisté, affirmant qu'en réalité, ils n'aident pas concrètement la personne à se suicider mais soutiennent et guident ceux qui ont décider de mettre fin à leur propre vie.

Selon le dossier judiciaire, Claire Blehr a détaillé chaque étape du procédé à un enquêteur qui avait secrètement infiltré le groupe en faisant semblant d'être intéressé par le suicide assisté.

Elle lui a dit qu'il devrait placer un sac sur sa tête et le gonfler grâce à une bonbonne d'hélium. Après quelques inspirations, "les lumières s'éteindraient", lui a-t-elle décrit.

Le parquet de Géorgie va chercher à prouver que les quatre personnes arrêtées ont violé une loi géorgienne de 1994 sur le suicide assisté, qui condamne toute personne faisant publiquement la promotion ou proposant d'"aider intentionnellement et activement une autre personne" à se donner la mort.

Selon Jerry Dincin, vice-président du groupe "Final Exit Network", les membres n'ont pas aidé activement les personnes à se suicider, mais les ont dirigé vers un manuel intitulé "The Final Exit" pour les guider étape par étape. "Si cette affaire va au tribunal, nous débattrons de la notion d'aide", a-t-il déclaré. "Si nous conseillons un livre à quelqu'un, peut-être est-ce considéré comme de l'aide par les tribunaux. Mais nous ne le pensons pas".

Les défenseurs du suicide assisté se sont emparés de l'affaire, estimant qu'il s'agissait d'une occasion pour relancer le débat sur la fin de vie.

Barbara Coombs Lee, présidente du groupe Compassion et Choix, affirme que les parlementaires devraient saisir l'occasion pour permettre aux personnes atteintes de maladies en phase terminale de "mourir paisiblement".

"Nous ne devrions pas rendre les gens honteux de vouloir une fin paisible à l'issue de leur vaillant combat", explique-t-elle.

Les opposants, eux, soulignent que ces arrestations mettent en évidence les problèmes liés aux organisations favorables au suicide assisté.

"Comment pourrait-ce ne pas être un meurtre?" s'interroge Stephen Drake, du groupe Not Dead Yet, opposé au suicide assisté et à l'euthanasie. "C'est de la prédation". "Ce sont des gens qui tirent satisfaction d'être présents lors de la mort. Ils ciblent un certain type de personnes", s'indigne-t-il.

Source : AP

25.2.09

Les parfums Rigaud





Belle haleine, eau de voilette, New York 1921

Lors de la vente aux enchères de la collection Saint Laurent-Bergé, ce flacon dessiné par Lalique et revisité par Marcel Duchamp (époque dada, une pièce unique) était estimé à 1,5 million d'euros, il a été vendu à 8,91 millions d'euros, un prix "record mondial" selon les spé-cia-lis-tes, ce qui en fait assurément le parfum le plus cher du monde. Son contenu initial était "Un Air embaumé" des parfums Rigaud...La vente de la collection a réalisé un chiffre d'affaires de 373,5 millions d'euros. Crise, vous avez dit crise? "L'art est une sottise!", s'exclamait Jacques Vaché. Selon Pierre Bergé l'argent de la vente ira à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent "reconnue d'utilité publique". La boucle est bouclée.

Nouvelles du front rigaltien : croisé Marc Dachy au théâtre de la Bastille lors d'une représentation de "Listen to me", une pièce d'Emma Morin, une adaptation remarquable d'un texte de Gertrude Stein qu'avait publié Marc dans sa revue "Luna Park". Il me confie avoir trouvé dans un fonds d'archives de revues de presse, un article avec une photo de Jacques Rigaut. Hâte de connaître le contenu de cet article et de savoir si cette image est inédite ou pas. To be continued...

16.2.09

"Il n'y a rien à faire, vous pouvez compter sur moi, je m'en charge"


Image by Patrick Hospital

S’il fallait le faire
J’arrêterais la Terre
J’éteindrais la lumière
Que tu restes endormi

S’il fallait pour te plaire
Lever les vents contraires
Dans un désert sans vie
Je trouverais la mer

Et s’il fallait le faire
J’arrêterais la pluie
On fera demi-tour
Le reste de nos vies

S’il fallait pour te plaire
T’écouter chaque nuit
Quand tu parles d’amour
J’en parlerais aussi

Que tu regardes encore
Dans le fond de mes yeux
Que tu y vois encore
Le plus grand des grands feux

Et que ta main se colle
Sur ma peau où elle veut
Un jour si tu t’envoles
Je suivrai si je peux

Et s’il fallait le faire
Je repouss’rais l’hiver
A grands coups de printemps
Et de longs matins clairs

S’il fallait pour te plaire
J’arrêterais la terre
Que tous tes mots d’hier
Restent à moi maintenant

Que je regarde encore
dans le bleu de tes yeux
Que tes deux mains encore
Se perdent dans mes cheveux

Je ferais tout plus grand
Et si c’est trop ou peu
J’aurais tort tout le temps
Si c’est ça que tu veux

Je veux bien tout donner
si seulement tu y crois
Mon cœur veut bien saigner
Si seulement tu le vois

Jusqu’à n’être plus rien
Que l’ombre de tes nuits

Jusqu’à n’être plus rien
Qu’une ombre qui te suit

Et s’il fallait le faire…

8.2.09

La-ti-ni-sm & dantzigisme




Merci aux latinistes qui pourraient me confirmer la traduction de cette citation évoquée par Jacques Rigaut dans une lettre : « Dillectissimae Rosae Jlus, cujus per dulce auspicium et benignam autoritaterm nihi concessum fruit non esse alteri ameris » Traduction proposée : "Julius à sa rose la plus délicieuse pour laquelle le doux espoir et sa bienveillante autorité ne concèdent rien d'amer pour autrui." (Merci à Sophie)

Lecture picorette cette nuit dans le Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig que je conseille pour lutter contre les insomnies. A la lettre B comme "Biographies", Dantzig donne son avis sur le genre :

" On n'a pas le temps de lire toutes ces biographies de 800 pages. Il faut vivre, tout de même." ça dépend de la vie en question, même si je suis d'accord sur le fait de privilégier la vie vraie et qu'il vaut mieux ne pas tirer à la ligne quand on écrit une biographie.

"Si les biographies étaient des romans, on arrêterait bien souvent de les lire à la page 12." ça manque de clarté, les meilleures biographies sont surtout celles qui se lisent comme des romans.

"Si la critique littéraire, c'est le mariage forcé, la biographie, c'est le mariage interminable." amusante et pertinente métaphore, mais le divorce vient à la parution.

"Et le plaisir de la vengeance : je me tue depuis des années à accumuler de la documentation au fond des bibliothèques à éclairage tuberculeux, et je ne la resservirais pas en entier ? Ils [les biographes] ressemblent aux parents qui laissent leurs enfants hurler dans les trains pour que les autres subissent autant qu'eux." hilarante comparaison finale, mais un peu de respect tout de même pour la partie ingrate du travail de biographe. Il faut bien que quelqu'un retrousse ses manches et mette les mains dans le cambouis comme on dit. Qui le ferait sinon? Il faut être très passionné et un peu fou d'ailleurs pour le faire. Quant à l'édition intégrale des documents, c'est au biographe de juger de leur importance pour le lecteur qui peut aussi sauter des pages.

"Les biographes d'écrivains se privent trop de l'analyse littéraire." ça dépend de l'analyse, certaines sont littéralement assomantes, terrain glissant, dans le doute on s'abstiendra, biographe et essayiste ne font pas forcément bon ménage.

"Que les biographes ont souvent un tempérament de détective privé, on le voit à l'indifférence avec laquelle ils reproduisent les plus dégoûtants détails, comme, dans la vie de Rimbaud par Lefrère, l'expertise médicale consécutive à l'arrestation de Verlaine qui venait de tirer sur Rimbaud à Bruxelles : elle précise le diamètre de sa dilatation anale. Quelle précision dans l'enquête!" flagrant délit d'injustice (et de mauvaise foi) pour le monumental travail de Lefrère, j'ai lu les 1200 pages de la biographie de Rimbaud et ne me souviens pas de cette précision certes scabreuse, comme quoi on ne retient que ce qu'on veut bien retenir.

"La biographie d'un biographe serait triste, car, à côté de la banalité de la vie propre à tout homme excepté quelques aventuriers, il manquerait cette chose enthousiasmante que laissent les bons écrivains, leurs livres." je ne me permettrai pas de généraliser ma propre vie, de plus il y a des vies d'écrivains plates et ennuyeuses et vice versa. On m'a annoncé hier soir qu'une biographie de Frédéric Beigbeder était en préparation...

Bref, la lecture de Dantzig est jouissive et en même temps irritante. Jouissive pour le côté érudit de l'entreprise et sa tonalité impertinente. Irritante parce que le lecteur sensible se rend compte au fil des pages que l'auteur "fait le malin". A malin, malin et demi.

P.S. : Henri Michaux ne souhaitait pas que ses livres soient publiés en poche. La parution du Dictionnaire égoïste de la littérature française en poche lui donne raison. Il faut être motivé ou courageux pour lire ce pavé de 1142 pages imprimé avec une très petite police et une encre qui semble disparaître une page sur deux. On ne félicite pas Le Livre de Poche & Grasset, ni l'auteur qui a validé cette impression. Le lecteur désargenté mérite plus de respect.