20.2.07

Relié-Collé



D'une bibliothèque l'autre. De la Nationale à l'Arsenal. La rédaction est aussi le moment où l'on s'aperçoit des manques, des absences...Il faut donc retourner au charbon! Une journée moyennement productive à cause des dysfonctionnements habituels de la Bibliothèque nationale. Aujourd'hui, je n'ai pu consulter un périodique suite à une panne du robot, appelé "vertimag", qui se saisit des microfilms. Impossible de le faire manuellement (enfin c'est ce qu'on m'a répondu) et personne n'est capable de me dire quand le robot reprendra du service. Je voulais aussi photocopier quelques extraits de deux livres, mais l'employé à la photocopie sourcilleux sur le règlement a tranché : "Tss tss, ça va pas être possible, c'est du relié-collé ça". L'un des livres (consultable à la BPI mais en cours de traitement) était "Les Oubliés des Avant-Gardes", un intéressant recueil de textes universitaires sur les effacés de l'avant-garde des années 20-30 dont Céline Arnauld et son mari poète dadaïste Paul Dermée. Finalement, je décide de me rendre à la bibliothèque de l'Arsenal pour y consulter la publication de la correspondance entre André Gide et Pierre de Massot que la BN ne possède pas... Ai dîné avec Jean-Pierre Baril qui me raconte, avec de nouveaux détails, l'incroyable épopée de l'écrivain Henri Calet à Montevideo en Uruguay. Jean-Pierre travaille en ce moment sur l'établissement de la correspondance des lettres de Henri Calet à Luis-Eduardo Pombo, un poète uruguayen dont Calet était tombé amoureux lors de son exotique séjour.

Extrait :


Calet à Pombo (Puteaux, 16 juillet 1933)

Pombo ! Mon cher Pombo ! Mon ami. Il faut que tu me répondes. Sois humain. Mon esprit - trop logique sans doute - se refuse à admettre qu’il soit possible qu’on soit oublieux à ce point. Il me faut des suites... Je n’ai pas de goût pour les histoires inachevées. Ici le français transparaît qui veut que le mot "Fin" soit suivi d’un point. Je dois te dire Pombo et c’est un confession - que je ne t’ai pas oublié. Depuis plus de deux ans - déjà - tu restes présent à mes côtés. Il faut me répondre. Mon cher je ne puis pas t’écrire . Il m’est douloureux ce retour dans le passé. Des mots pour toi ce n’est pas assez . Il faut te serrer fortement le bras jouer avec toi (nous étions deux chiens) te mordre (nous étions deux hommes). Mille déboires et un grand malheur de tous les jours, mais Pombo, cela n’est rien. Je suis resté droit et pur et ma peau est toujours blanche et mon torse est toujours d’un adolescent. Une grande misère Pombo. Mais toujours un rayon de soleil dans l’oeil. Tu es mon ami. Mon unique ami. Ami. Je suis pauvre. Ne me laisse pas. Je n’écris pas davantage. Petit Pombo. Tu m’as donné de la joie. (...) Ecris-moi. J’ai soif de nouvelles.

Au revoir H. Calet. chez Bordier - 4 rue Changarnier - Paris 12e