22.4.06

Ouverture de la pêche



Hier, à la phonotèque de l'INA, pour écouter la bande d'une émission de radio de 1970 consacrée à J.R. à l'occasion de la publication des "Ecrits" chez Gallimard. Soupault, invité à l'émission, raconte une troisième version de l'anecdote des fleurs et des chocolats. Il défend maladroitement la mémoire de son ami Rigaut en critiquant le travail de Martin Kay : "J.R. n'était pas du tout le personnage que le livre de Monsieur Kay représente." Martin Kay, indulgent, laisse passer l'orage, puis se défend en fin d'émission : "Ce n'est peut-être pas le même homme que vous avez connu, ce n'est pas Rigaut que je connais, mais je connais un homme qui vaut la peine d'être connu."

Poursuite de la lecture de la bio de Rimbaud. Son biographe Jean-Jacques Lefrère a l'humilité de reconnaître ce qu'il n'a pas découvert, ce qu'il ne sait pas. Il questionne, il s'interroge, utilise le conditionnel. Ces doutes et interrogations ne signifient pas faiblesse ou défaillance mais renforcent au contraire la crédibilité de ses recherches. Sans oublier l'humour nécessaire (sur soi-même et son travail) à toute entreprise de reconstitution. En exergue du chapitre premier, Lefrère a mis cette citation : "Je ne prétends rien, capitaine, j'essaie simplement d'y voir clair." (Tintin, L'Affaire Tournesol.)

Dans la série (désormais récurrente) "quand nos amis font des choses bien, il faut en parler", je signale la parution du dernier opus de mon ami "pohète" Jacques Barbaut, "L'ouverture de la pêche". Jacques m'a avoué récemment qu'il n'est jamais allé à la pêche. Si on ne peut plus se fier à ses amis, où va-t-on?