28.2.06

Le sens du détail



Suite à un refroidissement, j'observe avec culpabilité un net ralentissement de mes activités. J'en profite pour rester au chaud et continuer la lecture de ma documentation. Une lecture très instructive de souvenirs littéraires qui recoupent (bingo!) parfois d'autres témoignages entendus ou lus. Je lis également des choses surprenantes comme sur la mort d'Arthur Cravan qui reste nimbée de mystère : " Cravan was so excited that he decided to tes the boat that same day. While Mina waved from the pier, a breeze caught the sail and Cravan set off. She watched the boat rush toward the open sea and the sail dip out of sight. As his friends waited nervously for him to return from Puerto Angel, she grew worried. After several days, when there was no sign of him, Mina became so frightened that she could neither speak nor move. She waited for him on the beach, wrapped up in his coat. But Cravan did not return. She never saw again." ("Becoming Modern, The Life of Mina Loy" par Carolyn Burke) Il existe plusieurs versions de la disparition de Cravan, celle-ci me semble trop détaillée pour ne pas être crédible. En même temps, voici ce que l'auteur écrit quelques pages plus loin sur le suicide de J.R : " Jacques Rigaut (...) proved his point by shooting himself in the head (...)" Certains diront que je chipote mais une balle dans la tête ou dans le coeur, ce n'est pas tout à fait la même chose. Cette problématique n'aura pas échappé à J.R lui qui écrivait : "Ce coeur, mon coeur qui ne bat que pour quoi!"

22.2.06

Je fais ce que je peux



Les auteurs du "suicidologe" ont classé le suicide de J.R dans la catégorie "impatienta doloris" ou la souffrance morale insupportable.
Quand on lit les dernières (bouleversantes) lettres de J.R, écrites quelques mois avant sa disparition, il n'y a pas de place pour l'ambiguïté : " (...) Je préférerais vivre, mais je fais ce que je peux. (...) Je cherche véritablement à ne pas mourir, mais comment y parvenir."

La photographie de la couverture (Autoportrait au suicide par Man Ray) me fait penser à Steve Hodel, l'auteur de "L'Affaire du Dahlia Noir" que j'avais interrogé par mail il y a un an. Cet ancien flic du LAPD après une investigation poussée a conclu que son père serait l'auteur de plusieurs meurtres de femmes aux alentours de Los Angeles dont celui de la mère de l'écrivain James Ellroy. Hodel raconte dans son livre (passionnant) que son père était l'ami de Man Ray et que ce dernier photographiait les parties fines qui se déroulaient dans leur luxueuse villa de LA.
D'après Holden, quand son père a été mis en examen pour ses frasques, Man Ray de peur d'être inquiété aurait quitté les USA pour l'Europe.

19.2.06

Loner


Illustration publiée dans le Magazine littéraire de juillet-août 1988 :
"Les suicidés de la littérature"

En trouvant chez les libraires des envois à son nom, je suis étonné par le nombre de gens qu'a connus J.R. D'autres écrivains et pas des moindres lui rendent hommage par de chaleureuses dédicaces. J.R semblait être un "loner": un solitaire à contacts limités, sans amis réguliers mais multipliant les rencontres. L'étourdissement de la nouveauté jusqu'à lui-même se créer un autre Je : Lord Patchogue.

Au programme de ce week-end, lecture (en anglais) de livres prêtés par B.M. dont la bio de Mina Loy (l'épouse de Cravan) par Carolyn Burke et les mémoires de Virgil Thomson.

17.2.06

A triumph


Emmanuel Faÿ

"Dear Briggs,

There is only one thing to say of Emmanuel's death. That is was a triumph. (...) Ceux qui atteignent un salut dans ce monde n'y restent pas longtemps."

(Extrait d'une lettre de Virgil Thomson à Briggs Buchanan, New York, octobre 1923)

Ai retrouvé les ayants droit d'Emmanuel Faÿ. Une biographie est en cours. Nous devons nous rappeler pour fixer un rendez-vous. Hier chez B.M. qui m'ouvre pour la deuxième fois sa bibliothèque d'érudit. J'y trouve plusieurs documents dont le texte de la comédie qu'a vue J.R la veille de son suicide...

Article de Robert Maggiori dans Libération à propos de l'historien Marc Bloch : " (...) l'historien est un détective, doit être attentif au détail, rassembler tous les indices, ne négliger aucune piste, multiplier et confronter les "sources"... (...) Détective, l'historien est aussi juge d'instruction, non parce qu'il juge et tranche, mais parce que du juge il emprunte la procédure de confrontation et de vérification des témoignages ou des indices, qu'il rend publique afin que chacun puisse juger."

"Je suis historien, j'aime la vie." (Marc Bloch)

14.2.06

Mots-clés



Emma m'envoie une copie d'écran du dernier "tracking" (reconstitution des visites sur un site Web) du blog Rigaut avec les phrases ou mots-clés tapés par les internautes dans les moteurs de recherche. Dans cet inventaire surréaliste, la phrase la plus incongrue : "Pourquoi les hommes quittent leurs femmes pour des Japonaises?" J'ai tout de suite effectué un copier-coller de cette phrase dans Google, bizarrement je ne suis pas tombé sur le blog Rigaut mais peut-être sur un début de réponse à cette question hautement turlupinante. Je sais qu'il existe un qualificatif pour les occidentaux amateurs de Japonaises mais j'ai la mémoire qui flanche...

Deux après-midi à la bibliothèque littéraire Jacques Doucet. La numérisation du fonds André Breton est en cours. Je dois attendre trois semaines pour y avoir accès. Il me suffira alors de faire une recherche par occurrence pour savoir si Rigaut est cité dans une correspondance. Un gain de temps extraordinaire pour le chercheur... Je rêve que tous les fonds d'archives de Doucet soient numérisés, de taper "Jacques Rigaut" dans un champ de saisie et qu'en quelques secondes... Dans dix ou vingt ans peut-être... J'ai entamé mon propre chantier de numérisation pour tous les matériaux que j'ai recueillis depuis trois ans. Je me sers d'un tableau excel dans lequel je rentre des infos comme : années, thèmes, événements, lieu, document, localisation documentation, etc. Un outil qui me sera plus que précieux lors de la rédaction.

9.2.06

Le Feu Follet sur grand écran



Hommage à Louis Malle (1932-1995) en exclusivité au cinéma Le Champo à partir du 8 février jusqu'au 8 mars. Ce jeudi 9 février à 20H30, projection du Feu Follet (copie neuve)! La séance sera suivie d'une rencontre animée par Eric Neuhoff (écrivain et journaliste) avec Philippe Collin (réalisateur et collaborateur à la mise en scène sur Le Feu Follet), Alain Ferrari (réalisateur et auteur d'un livre à paraître "Le Feu follet"). Il devrait y avoir d'autres projections du Feu Follet dans les semaines à venir. Cet hommage à Louis Malle voyagera ensuite en province.



Eric me signale dans le Figaro un entretien avec Fabienne Vonier dont la société de distribution a permis que les films de Malle reviennent à l'affiche. A signaler également un dossier sur Louis Malle dans Télérama. Le blog Rigaut y est mentionné.

8.2.06

Reprise


Raoul Hausmann dans "Dada à Berlin, 1917"

Ai presque fini de regarder les documentaires réalisés par Philippe Collin autour de Dada. Cinq films qui établissent une chronologie du mouvement, de la naissance de l'esprit Dada, 1913 jusqu'à la mort de Dada, 1921. Un itinéraire minutieusement retracé par des entretiens passionnants avec les principaux acteurs de Dada : Richard Hulsenbeck, Marcel Janco, Hans Richter,Marcel Duchamp, Raoul Hausmann, Philippe Soupault, Jacques Baron... Ces films tournés en 16 mm et produits par l'ORTF en 1971 sont introuvables sinon aux archives de l'INA. Des précieux et instructifs documents qui auraient mérité une édition en DVD lors de l'expo Dada. Demain, retrouvailles avec la bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Par e-mail, j'ai réservé pour consultation des correspondances dans lesquelles J.R est cité.

4.2.06

Récréation




En cherchant Rigaut, je suis tombé sur Queneau...


"Si on met des baigneuses devant la mer,
c'est pour empêcher les vagues d'é-
branler les bateaux." (Texte inédit de Raymond Queneau)