30.1.06

"Rigaut in rubber sheets"


James et Hannah

J'ai trouvé ce matin dans ma bal un étonnant e-mail (voir ci-dessous) provenant d'Angleterre. Ses expéditeurs James Reich et Hannah Levbarg vivent à Bath, une charmante ville du Sud-Est de l'Angleterre, réputée pour ses bains romains et Jane Austen qui y a séjourné. James et Hannah s'occupent d'une librairie indépendante dans le centre de Bath et ont monté un groupe de rock, "Venus Bogardus", dont les influences vont de Sonic Youth à Brian Eno. Libraires et rockers, c'est déjà pas commun (vous imaginez le personnel de La Hune sur scène?) mais de surcroît leur "tube" est une chanson écrite en hommage à Jacques Rigaut! Elle s'intitule tout simplement "JACQUES RIGAUT" (cliquez pour l'écouter)



rigaut in rubber sheets/climbing his golden rope/my mouth on him/he's dead/after an afternoon/of stealing grapes and being refused/although it's our clinic death/hold the rule against my breast/strangers/illustrated/we plot the entrance/of the bullet/mark it/ picturing our black/scorched vortex/and permit salty lips/to burn together/best friends/powder burns/the charcoal of our hair/shading the sheets/as feathers fall/strangers/illustrated/(don't) illustrate it.


Bonjour Jean-Luc,
Our band have a Jacques Rigaut obsession, and I am very much looking forward to reading your book as soon as it is available. My wife and I run the only independent bookstore in the city of Bath, England, and if you are ever in town, you are welcome to visit us. Maybe, when your book is out, you might like to do a reading/event in England that we could help with? Our band is called Venus Bogardus. The song we wrote called 'Jacques Rigaut' is based on a dream that I had of sharing Rigaut's last 24 hours, and is one of our most popular songs when we play shows...

Any friend of Jacques is a friend of ours.
Sincerely,
James and Hannah

29.1.06

Le tunnel



Visite éclair chez Denoël. Je félicite Olivier Rubinstein pour la récente parution de l'oeuvre de Georges Henein. Mon éditeur s'enquiert naturellement de l'avancée de mon travail. Nous savons tous les deux qu'il est quasiment impossible de fixer une "dead line" pour un tel chantier. Je lui fais part d'une image qui me vient à l'esprit, celle d'un tunnel en forme d'entonnoir dans lequel j'avance au fil de mes recherches. Plus je progresse, plus le tunnel se rétrécit... De la gangue du passé, j'arrache chaque information, chaque découverte. Avec tous les matériaux accumulés depuis trois ans maintenant, je pourrais écrire un livre. Mais il reste encore des pistes à remonter, des archives à consulter, des découvertes à faire, des indices à vérifier...

Par exemple, depuis des mois je suis sur la trace de la fille de l'épouse américaine de J.R. J'avais déjà retrouvé lors de mon voyage à New York l'arrière-petite-fille de Gladys Barber (voir sa photo dans le post du 8 juin 2005) Malheureusement, j'en savais plus qu'elle sur son arrière-grand-mère... Il y a quelques jours, grâce à un moteur de recherches payant, j'ai trouvé des infos (date de décès, n° de sécurité sociale et certificat de mariage) la concernant, infos qui vont me permettre de retrouver le mari qui doit avoir 60 ans aujourd'hui. Avec un peu de chance, ce dernier aura gardé les archives familiales de sa femme dans lesquelles J.R. devrait apparaître...CQFD

Rien ne remplacera jamais la recherche sur "le terrain" mais on peut tout de même rendre hommage au fabuleux outil (qui n'existait pas à l'époque de mes recherches sur Bove) qu'est l'Internet pour les chercheurs. En quelques clics, j'ai trouvé et commandé des livres épuisés et introuvables en librairie dont cet exemplaire de la NRF du 1er août 1930 dans lequel ont été publiés des extraits des textes qu'avait laissés Jacques Rigaut. Avec ce premier hommage posthume, on trouve dans ce même numéro un texte en cinq points de Victor Crastre intitulé " Sur le suicide de Jacques Rigaut". Suite à cette publication, Paul Eluard, dans une lettre à Gala, traitera Victor Crastre de "petit con" et dans une note publiée dans "Le surréalisme au service de la révolution" s'attaquera violemment à Jean Paulhan et à la NRF. Une note si violente qu'elle ne sera pas reproduite dans "Le poète et son ombre", le recueil des textes de Paul Eluard...

25.1.06

Nul n'est censé ignorer Dada !


Pierre Pinoncelli


"Hier, entre deux affaires pénibles, la 28e chambre du tribunal de grande instance de Paris s'est offert une demi-heure de récréation avec le cas Pinoncely, Pierre, 76 ans, retraité artiste demeurant à Saint-Rémy-de-Provence. Cet homme-là ne peut pas voir la Fontaine, ready-made de Marcel Duchamp, sans lui donner un coup de marteau. La première fois, c'était le 24 août 1993 au Carré d'art de Nîmes. En pleine expo, Pinoncely pisse dans le fameux urinoir ­ une des huit reproductions réalisées en 1964, l'original de 1917 ayant été «égaré» ­, puis lui balance un coup de masse. Tout cela pour «ramener l'oeuvre à son statut initial de pissotière» et surtout «prolonger la provocation de Duchamp». Cette intervention artistique lui vaudra un mois de prison avec sursis, 40 000 euros au titre de la dépréciation de l'oeuvre, plus divers frais, notamment ceux de restauration (sommes jamais payées).

Garde à vue. La deuxième fois, c'était le 4 janvier au Centre Pompidou, lors de l'exposition «Dada». S'ensuivent quarante-huit heures de garde à vue et une convocation au tribunal. La présidente de la 28e chambre refuse d'emblée d'entrer dans les nuances du débat artistique : «Avec orgueil, vous croyez pouvoir vous affranchir des règles de la société. Cet aspect de votre personnalité pose problème.» Pinoncely, voix ferme mais polie : «Je n'ai fait que ramener l'oeuvre à son état précédent.» Celui où il l'avait laissée en 1993. Car il s'agit du même exemplaire, celui du Musée national d'art moderne, quasi remis à neuf.

Le fond du problème, c'est que Pinoncely (nom d'artiste : Pinoncelli) ne supporte pas que le Centre Pompidou ait exposé l'urinoir sans rappeler dans la documentation sa brillante intervention de 1993. C'est que l'homme se sent un peu coauteur, désormais. Il s'en est expliqué dans une lettre assez loufoque, adressée le 11 novembre au commissaire de l'expo «Dada» et commençant ainsi : «L'institution ­ dont vous faites partie ­ représente à mes yeux le point extrême de l'imbécillité convulsive.» Cependant, nulle menace de récidive dans ce courrier, Pinoncely affirmant avoir arrêté le performing art, activité dans laquelle il se fit remarquer pendant quarante bonnes années, arrosant ici André Malraux de peinture rouge (1969) ou perpétrant là un faux hold-up pour protester contre l'apartheid (1975). Finalement, Pierre Pinoncely, pétillant malgré le poids des ans, n'a pas pu se retenir : pan et repan sur la pissotière !

«Exorbitante». L'artiste s'est pointé au tribunal sans avocat ; il n'avait pas prévu que le Centre Pompidou se porterait partie civile à l'audience. Du civil s'est donc ajouté au pénal et on a tout de suite parlé gros sous. Le coût des réparations est estimé à 14 352 euros, que Pinoncely estime «normal» de payer. Mais l'avocate du Centre a aussi réclamé 427 000 euros pour préjudice de dépréciation, tout en admettant que la somme est «exorbitante». Mais le calcul est simple : le préjudice est évalué à 15 % de la valeur de l'oeuvre, estimée aujourd'hui à 2,8 millions d'euros. Ça fait cher l'intervention dada.

Pinoncely a alors eu beau jeu de pointer cette contradiction : «En 1993, avant mon coup de marteau, l'urinoir était évalué à 450 000 francs (70 000 euros). Après mon acte, on m'a dit qu'il avait perdu de sa valeur, qu'il était déprécié. Or maintenant, cette même oeuvre est évaluée à 2,8 millions d'euros. Alors, de quelle dépréciation parle-t-on ?» La présidente est restée sourde à ce raisonnement, condamnant Pinoncely à trois mois de prison avec sursis, aux frais de restauration et, plus lourd, à 200 000 euros pour le préjudice ! Le cogneur dada a déclaré qu'il ferait appel."


Source : article de Edouard Launet dans le Libération du 25 janvier 2006

22.1.06

"C'est le suicide qui éclaire la société"



Eric me signale un article du Figaro à propos de la délicieuse Alexandra Stewart qui tenait le rôle de Solange dans le Feu follet. Alexandra Stewart que j'avais contactée il y a quelques mois pour fixer un rendez-vous. Elle partait le lendemain pour un voyage en Inde. Je dois la rappeler. J'avais également appelé Yvonne Clech qui interprétait le personnage de Mademoiselle Farnoux. La comédienne souffrante avait annulé notre rendez-vous quelques jours plus tard. La rappeler également. Sur le site d'Arte, la sortie du DVD du Feu follet est annoncée pour février 2006. Eric m'informe d'une rétrospective Louis Malle au Champollion, des photos du Feu follet sont déjà en vitrine...

Mon ami Matias de Buenos Aires qui travaille à Editorial Sudamericana, une grosse maison d'édition argentine me parle d'un livre d'un certain Alvarez qui cite Rigaut : "On the French front, I have a very modest piece of information to give you on Rigaut: there is a book by A. Alvarez (Spanish surname but British citizen) called The Savage God (A study on suicide) which has got a few interesting pages on Rigaut. It was published in 1972 in France by Mercure de France, but of course easier to get in English." Petite recherche sur le Web et je trouve d'occasion le livre en question que je commande immédiatement. Un livre sur le thème du suicide est paru récemment au Seuil : "Suicide l'envers de notre monde" de Christian Baudelot et Roger Establet. Un siècle après Durkheim, ces sociologues ont établi une sociologie mondiale du suicide. Une phrase lumineuse ouvre leur livre : "Ce n'est pas la société qui éclaire le suicide, c'est le suicide qui éclaire la société." Nicole Lapierre qui a publié dans le Monde un article (malheureusement déjà en archives payantes) sur l'ouvrage a fini sa critique par une jolie chute : "Toutefois, quel que soit le contexte général ou l'histoire personnelle, ce qui pousse une personne à se tuer garde une part d'énigme."

A signaler une belle exposition autour d'Arthur Cravan au musée de Strasbourg jusqu'au 26 février 2006. Cette exposition présente un ensemble important (provenant de la collection Marcel Fleiss) de documents, affiches, publications, dessins et photographies du poète-boxeur aux cheveux les plus courts du monde. Le catalogue de l'expo est joliment réalisé avec plein de choses inédites. L'acheter sans délai avant qu'il ne soit épuisé...


20.1.06

Culture bio


Tombe de Jacques Rigaut au cimetière Montmartre
(copyright JLB)

J'ai évoqué dans un post précédent (5/03/05) le livre de François Dosse, "Le pari biographique. Ecrire une vie" Un deuxième ouvrage sur le sujet est paru récemment : "La relation biographique. Enjeux contemporains" de Martine Boyer-Weinmann.Dans le supplément Livres de Libération du 8 décembre 2005, Claire Devarrieux critiquait l'ouvrage : "Ecrire une biographie, c'est d'abord écrire. Deux camps, dans cette affaire. D'un côté, ceux qui ne veulent voir dans la biographie que le texte, qu'ils assimilent à une fiction. De l'autre, ceux qui trouvent exagéré que la valeur (et la contrainte) documentaire passe à la trappe." Martine Boyer-Weinmann offre à ses lecteurs et aux biographes une intéressante piqure de rappel : «Ce n'est pas porter atteinte au talent littéraire du biographe, écrit-elle, que de rappeler ses responsabilités élémentaires envers le lecteur ainsi que l'existence problématique (devant être problématisée) d'une archive référentielle et testimoniale.»

J'espère que ce blog apportera ma modeste contribution à ces passionnants débats. Pour l'heure, je n'ai pas d'avis tranché sur la question bien que je sois plongé dans le genre presque tous les jours. Ma méthodologie est quasi instinctive voire désordonnée. J'ai bien conscience de perdre du temps à cause de cette désorganisation, mais je sais aussi que cette perte de temps est en ma faveur. Un biographe doit savoir perdre son temps pour mieux répondre à la question essentielle : comment mettre en scène sur le papier tous ces matériaux recueillis laborieusement au fil des années? Ce fut aujourd'hui le sujet de ma conversation téléphonique avec Olivier Stupp à propos du dernier ouvrage de Nicke Toshes, une biographie d'Arnold Rothstein, financier des premiers trafics d'héroïne en Amérique... Toshes d'après Olivier (je n'ai pas encore lu le livre) prend le parti de publier les documents in extenso, sans blabla et autres fioritures. Philippe Garnier trouve ça "brut de décoffrage et chiant comme la mort". Steve Hodel dans son livre "L'Affaire du Dahlia Noir" avait choisi également ce parti pris et son bouquin était passionnant! Entre les les digressions oiseuses des uns et le minimalisme clinique des autres, il y a un juste équilibre à trouver. Le biographe est un funambule au sommet d'une montagne de documentation sur laquelle il avance pas à pas...

Reçu e-mail de Fabrice Lefaix qui s'occupe de la revue "Etant donné", consacrée, vous l'auriez deviné, à Marcel Duchamp. Fabrice nous raconte la suite et fin (?) de l'histoire des clefs de Marcel...

"Michel Vanpeene courant 2002 me remit deux cassettes, un entretien qu'il avait mené quelques mois plus tôt avec Pierre et Jackie Matisse au sujet de Duchamp. La transcription brute de cet entretien m'a demandé une bonne semaine. Une partie de cet entretien a été publié dans le n° 4 d'Etant donné Marcel Duchamp (Les clefs de la rue Parmentier). Il y eut des coupures, mais je fus heureux de pouvoir publier ces phrases apparemment insignifiantes :



J.M.M. : Sauf qu'il avait laissé ses clefs dans sa poche ?

P.M. : Oui mais ça, Jackie, c'est le secret ! Voilà : après son incinération, on nous a demandé de vérifier le contenu de l'urne. Bernard Monnier et moi avons accepté. Ce que j'ai tout de suite remarqué parmi les cendres, c'était ses clefs. Elles étaient restées dans sa poche...

J.M.M. : Oui, les clefs de la rue Parmentier ...

P.M. : Elles étaient là, dans les cendres, elles n'avaient pas fondu. Pour moi c'était comme un miracle de voir cela, parce que cette question de secret, de clefs, a toujours tourné autour de Marcel et de son oeuvre. On nous a demandé si on voulait récupérer les clefs. J'ai tout de suite répondu : « Non, on les laisse ». Elles sont restées là, pour toujours. Cette semaine a été extraordinaire. C'était bien. C'était beau. Unique.

J.M.M. : Un beau mot pour la fin : unique !



Cette histoire de clefs est très proche du matricule 671. C'est troublant. Sans parler du ready-made assisté [15.05.1965](dont ci-joint photo) de M.D. à l'initiative de Michel Sanouillet.

16.1.06

Appel aux collectionneurs



Ai pu reconstituer le cheminement des manuscrits de J.R. de sa mort (1929) à l'édition (1970) des "Ecrits" par Martin Kay. Ensuite la liasse de ces manuscrits a été dispersée lors de plusieurs ventes aux enchères et ventes privées. La plupart du temps vendeurs et acheteurs restent anonymes pour des raisons de discrétion (fiscalité, provenance douteuse, etc.). Parfois cette omerta tourne au ridicule quand on sait qui s'intéresse à quoi. Il n'y a pas 36 personnes susceptibles d'acheter des manuscrits de Jacques Rigaut... Messieurs les collectionneurs, ouvrez vos collections aux chercheurs qui respecteront votre anonymat si vous le souhaitez. A quoi bon dormir sur vos acquisitions...


Reçu e-mail de Laurence :

Cher Jean-Luc,

Je te recommande la lecture de Ravel par Echenoz, (...) il y est décrit sa traversée Le Havre NY sur le France en 1927 et sa lecture du journal de bord ," L'Atlantique".
Je peux te le prêter même te le donner (...)

Je t'embrasse

Laurence

Il paraît que Jean Echenoz est un lecteur du blog Rigaut. J'ai comme l'impression que nous avons fait le même voyage au Havre...

15.1.06

La suite de Duchamp





Une dernière digression (offerte par Greg) sur M.D puis nous reviendrons à J.R.


Hello,

Du nouveau sur la tombe de Duchamp !

D'abord dire que si Duchamp a bien été incinéré au Père Lachaise, ses cendres furent ensuite transportées (je ne sais si les clés prirent part au voyage) au Cimetière Monumental de Rouen pour être placées dans le caveau familial.
Et parler de deux oeuvres qui rendirent hommage à Duchamp, et ce en intervenant sur sa tombe ! (mes infos sont tirées des n° 17 et 2000 de la revue La peau des deux côtés, revue épisodique de la Société des amis de Rrose Sélavy, dite Ffondation Marcel Duchamp) :
- la première est l'une des deux photographies de Mohamed Kemal ayant fait scandale à l'exposition "Prendre Duchamp" de juin 1997 à Rouen. Une photographie représentait une femme dans la même position que celle d' "Etant donnés...", mais, figurant ainsi Léda, avec un cygne entre les jambes : "c'est le retour du cygne, clin d'oeil à Marcel Duchamp" dont le photographe dit qu'il tuait le signe. L'autre photographie, intitulée sobrement "Cimetière Monumental", Mohamed Kemal la présente ainsi :

"Provoquer Duchamp, se mettre nue sur sa tombe, c'est jouer tout simplement sur son propre terrain. Mais le nu sur la pierre tombale n'est pas seulement provocation. Du moins la provocation est-elle, elle-même, forme d'hommage. D'autant que c'est ici Marcel Duchamp désormais qui semble devenu le cygne espéré, l'égal de Zeus, l'égal de dieu. Marcel Duchamp est désormais à sa place. Il est lui-même le Créateur, position ironique et superbe.
Si la seconde photographie apparaît comme la plus choquante, c'est que j'ai associé le nu à la mort. La nudité érotique, le plaisir à l'image du désespoir : la joie à ce qu'on appelle le deuil.
S'il y a choc, c'est que nous vivons dans un monde de mythologies et pour tout dire, les tabous - la forêt des tabous - nous entourent.
Or, si j'ai fait cette photographie, c'est que le rapport à la mort commence à changer. Ce ne sera pas là l'un des minces mérites de Marcel Duchamp que de nous avoir ouvert la voie à une autre vision de la mort, une mort dédramatisée, humorisée, érotisée, Marcel Duchamp devenu jusqu'au-delà de la mort, héros de l'éros.
La tombe est froide à la manière d'une table d'opération. Est-ce dans l'attente de la naissance d'un monde nouveau ?"

- la deuxième est un happening de... Pierre Pinoncelli durant lequel, travesti en un double de Rrose Sélavy, a donné une sorte de strip-tease, s'est brûlé la joue avec un fer chauffé au chalumeau, pour finir dans la fameuse position d' "Etant donnés". Pinoncelli raconte lui-même l'événement, dans un style qui d'ailleurs n'a rien à envier à THTH :

"[...] un événement historique, hic : la naissance de Rrose Sélamore, le samedi 24 avril 1999 à 11 h, à Rouen, au Cimetière Monumental, sur la tombe de Marcel Duchamp...
Oui, Rrose Sélamore, la soeur jumelle (à 80 ans de distance) et morticole de Rrose Sélavy, le double féminin de Duchamp...
Rrose Sélamore, mon double féminin à moi... femme-à-barbe, grâce à qui je peux assumer tout le mortuaire, et avoir aussi des ovaires, des menstrues, et une ménopause-casse-croûte (le retour d'âge comme un retour de manivelle, O Jean de Nivelle !)...
Rrose Sélamore... créée non pas pour m'installer définitivement dans l'ombre protectrice de Duchamp, après mon action au Carré d'Art de Nîmes en 1993, non...
[...]
Rrose Sélamore... créée simplement pour le plaisir d'un jeu de rôle : inventer une petite suite amusante et mortifère à l'aventure de Duchamp, en y ajoutant une autre "bonne-femme" à laquelle il n'avait pas songé...
Rrose Sélamore... magnifique et grotesque, avec sa barbe blanche, ses seins en obus, son chemisier à fleurs, sa jupe plissée beige en Tergal, ses godasses à talons plats, et son chapeau-à-voilette avec une grande plume, quel look !
Rrose Sélamore... éblouissement d'une femme-enfant qui a joué à la marelle sur la tombe de Duchamp... et la dalle qui bougeait, c'était Duchamp lui-même qui voulait sortir de son tombeau pour jouer avec elle à ce jeu d'enfance, et raccourcir ainsi le concept d'éternité...
Rrose Sélamore... sa venue au monde a amené la VIE dans un cimetière uniquement occupé par des morts, vous trouvez ça normal, vous ? (quand vont-ils enfin se résoudre à construire des cimetières pour les vivants, maman ?)...
La VIE, désordonnée et burlesque... mais la VIE increvable comme une mauvaise herbe, hourra ! youpi !

le happening au Cimetière Monumental ?
pavane funèbre et destructurée, gestuelle lente et paradoxale d'un corps qui n'existe que par son usure, à cause de l'âge et des intempéries - hi ! -hi ! - et des forces d'entropie...
métamorphose, aussi... anamorphose ? mort noire et bossue, mort aveugle, mort en caleçon U.S., mort en culotte de paysanne et soutien-gorge à baleines, mort nue, mort sûre, mort-aux-dents, mort bide, mort femme, morte Adèle...
et puis, la naissance de Rrose, enfin... comme une chrysalide... la VIE, quoi, juste la vie, camarade...
[...]

la fin du happening au Cimetière Monumental ?
le corps de Rrose Sélamore - recouvert de fleurs déposées par les spectateurs (beaucoup de membres de l'APAC qui m'avaient invité à Rouen par l'entremise de leur président, Alain Bourdie) gît sur la tombe de Duchamp... rigoureusement immobile, et dans la position exacte du cadavre de femme nue de "Etant donnés", la dernière oeuvre posthume de Duchamp... jambes écartées et un cierge d'église dans la main gauche, à la place du gaz d'éclairage en souvnir du Square Verdrel, à Rouen...
position symbolique en hommage à Duchamp... un hommage organique, beurk ! quelle horreur, pour lui, l'homme-concept - ah ! ah ! - mais on n'est pas responsable de sa postérité, n'est-ce pas ?...
et puis, le drap blanc sur le corps - sous le grand ciel normand... et Rouen, au loin, avec ses cathédrales et ses maisons en bois - comme la fin d'une histoire...
histoire belle ou débille, on s'en fout... elle a le mérite d'avoir existé - dans l'espace-temps du Cimetière Monumental - et de continuer à VIVRE dans le coeur et la mémoire de ceux qui l'auront vue..."

Voila. En pièces jointes la photo "Cimetière Monumental" de Mohamed Kemal, et un petit montage que j'ai fait d'images du happening de Pinoncelli (on voit pas beaucoup mais bon).

bien à toi,
Greg
http://bartlebooth.over-blog.com/

P.S. : c'est le président de la Ffondation Duchamp, Patrice Quéréel, qui a fondé, il y a trois ans, le premier cimetière mondial de l'art ( http://www.aroots.org/forum2/viewtopic.php?t=77&view=next )

12.1.06

Une histoire de clefs


Marcel Duchamp alias Rose Selavy par Man Ray

Jean-Luc

Marcel enterré ?...
Quelle blague !


" Marcel Duchamp s'est éteint, comme disent les nécrologies, dans la nuit
du 2 au 3 octobre 1968. Il dormait. Peut-être rêvait-il ? (...) Duchamp
avait émis le voeu d'être incinéré. Quand on vieillit dans la chaleur des
chimies de la vie, comment imaginer sans effroi la froide et lente
décomposition de la chair ?... Le souhait fut respecté. Après la cérémonie,
Paul Matisse alla chercher l'urne funéraire. Le "croque-mort" du
Père-Lachaise la lui présenta ouverte. Sur les cendres, il y avait un
trousseau de clés. Elles étaient restées dans la poche du défunt, à peine
ternies par le feu du gaz d'éclairage alimentant le four crématoire. Paul
Matisse décida sur-le-champ qu'il fallait les y laisser. Et Duchamp est
parti en emportant les clés. "

Eclipses et splendeurs de la virgule (p. 114), Jean Suquet


... donc, après l'épitaphe, relire aussi, ici, peut-être, le sens du mot
" Cénotaphe " ?


... la clé des champs, sûrement.

Jacques

11.1.06

Florilège funéraire


Tombe de Marcel Duchamp au cimetière de Rouen (Photo Greg)

Greg m'envoie un e-mail où il est question de la mort de Marcel, de l'Oulipo(de balle?), de Shandy, de Vila-Matas, de suicide hôteliers, de Raymond Roussel, de mon ami Jean-Yves Jouannais et d'autres...

"Salut Jean-Luc et meilleurs voeux,

J'allais t'envoyer une photo de la tombe de Duchamp quand je me suis aperçu que Fabrice Lefaix m'avait précédé.
J'avais déjà du, avant de me rendre sur place, en voir une ainsi recadrée,
parce que je fus surpris, presque déçu, de voir cette inscription noyée parmi tant de noms -
je t'envoie la mienne, prise en mars 2004
détail qui m'amuse dans la photo envoyée par Fabrice Lefaix, c'est que le point de vue montre que le photographe a marché sur la tombe - je dis ça, je suis pas superstitieux, faisant moi-même de la photo

- si tu ne connais pas l'anecdote :
"L'assassinat de Marcel Duchamp
Le meurtre, on ne le sait pas assez, doit être considéré comme un art oulipien ; c'est donc, comme l'exprime une belle formule plagiée par notre Président-Fondateur, "un art simple, et tout d'exécution". Le moment que je vous rapporte en est une preuve.
Le 1er octobre 1968, raconte Calvin Tomkins dans sa récente biographie de Marcel Duchamp (membre de l'Oulipo, ce que monsieur Tomkins ignore), Marcel et Teeny, sa femme reçurent à dîner quelques amis dans leur appartement de poche, à Neuilly, rue Parmentier. Les invités partis, les Duchamp se couchèrent ; et Marcel lut à Teeny des passages d'un livre qu'il avait acheté dans l'après-midi, chez Vuibert, boulevard Saint-Germain. C'était d'un drôle ; c'était véritablement à se tordre. Ils rirent. Riant toujours, Duchamp prit le livre et s'en alla dans la salle de bain. Où il mourut. La mort fut jugée naturelle, ce qui attira bien entendu l'attention de l'inspecteur Blognard. "Une mort naturelle" dit-il à l'inspecteur Arapède, son adjoint, "rien n'est plus suspect". Il enquêta donc, discrètement bien entendu. L'Oulipo avait, déjà, des amis très haut placés qui ne voulaient pas de scandale.
Blognard examina la scène. Il n'eut aucun mal à trouver l'arme du crime. Ce ne pouvait être qu'un ready-made. Or un ready-made était tombé à côté du cadavre : un livre. Et ce livre ? un volume de la nouvelle édition des oeuvres d'Alphonse Allais, ressuscitée par les soins diligents et assidus de François Caradec. (Selon certains témoignages, entre les pages du livre ouvert se trouvait une carte postale, une reproduction de la Joconde en Rrose Sélavy où étaient écrits ces mots : "ce n'était point lui ; ce n'était point elle." Dans la baignoire flottait une pirogue congolaise.) Le coupable était trouvé. Confronté aux fait, FC ne nia pas. Et le mobile, direz-vous, comme Arapède ne manqua pas de le faire. A cette époque, FC n'était pas membre de l'Oulipo."(conté par Jacques Roubaud dans Oulipo, Moments oulipiens, Le Castor Astral, 2004, p. 19)
et c'est un plaisir pour moi que d'évoquer Caradec, car, j'espère que vous êtes d'accord, c'est un grand biographe
- puisqu'il est question de Duchamp, je comptais vous demander : vous connaissez l'ouvrage d'Enrique Vila-Matas, Abrégé d'histoire de la littérature portative, relatant l'histoire d'une communauté - la communauté Shandy - autour de Marcel Duchamp, et comprenant tout un chapitre, Suicides hôteliers, consacré à Jacques Rigaut ? Certainement, d'ailleurs je me rends compte, j'avais oublié, que Jouannais en parle dans Artistes sans oeuvre, au chapitre qui précède celui sur Rigaut. Dans le genre biographie imaginaire, c'est pas mal. Il y est fait un beau mélange entre le suicide de Rigaut et celui de Roussel.

- j'allais terminer en citant une phrase de Scutenaire rencontrée lors de ma récente relecture de ses inscriptions, et je vois que THTH l'avait prise comme exergue pour une présentation de ton blog

Amicalement,
Greg"
http://bartlebooth.over-blog.com/

10.1.06

Duchamp du signe




Merci à Fabrice Lefaix qui m'a envoyé un détail de la tombe de Duchamp, ainsi qu'une note écrite par M.D. pour son épitaphe.

Et d'ailleurs, que pensait M.D. de J.R.?


Marcel Duchamp
Entretiens avec Pierre Cabanne
Somogy, éditions d'art
1995

Quelles ont été vos premières rencontres à Paris, à votre retour ?

Picabia, presque uniquement, car il avait un salon littéraire, il recevait toute la bande Cocteau qui venait le voir, etc. On voyait là tout le monde. Tzara est arrivé, un peu après moi, je crois, je ne suis pas sûr... Il y avait aussi Ribemont-Dessaignes, Pierre de Massot, Jacques Rigaud [sic], etc. Rigaud était très sympathique, c'était un homme très dégagé. Il était dada si vous voulez.

Pour vous, Rigaud représentait la jeune génération, l'après-guerre. Il était d'ailleurs assez proche de vous comme comportement, comme tournure d'esprit...

Il y avait une grande sympathie entre nous. Rigaud n'avait pas le rigorisme de Breton, cette espèce de désir de tout monter en formules ou en théories. C'était beaucoup plus gai chez lui que chez les autres qui, dans leur entreprise de destruction, étaient très systématiques.

9.1.06

...Cette volonté qui brûle de tout détruire...



Ai offert à Charlotte l'édition originale (janvier 1970) des "Ecrits" de Jacques Rigaut. La bande rouge avec la citation de Paul Eluard (extraite du texte-hommage publié dans "Le surréalisme au service de la Révolution" N°2, 1930) a été conservée. La seconde édition des "Ecrits" publiée en 1977 devient également difficile à trouver...

Suis passé à Beaubourg pour photographier les manuscrits de J.R. exposés dans le cadre de l'exposition Dada qui fermait ses portes aujourd'hui. C'était ma dernière chance d'avoir une reproduction de ces manuscrits qui disparaîtront dans le coffre de son propriétaire qui souhaite rester anonyme... Merci à Laurent Lebon, commissaire de l'exposition, qui m'a autorisé à photographier ces documents.
Ceux qui ont raté l'exposition pourront la voir dans une version remaniée, d'abord à Washington (19 février/14 mai 2006), puis à New York (16 juin/11 septembre 2006).

Suite au fracas de l'urinoir Duchamp, deux e-mails en réaction

d'abord mon ami poète Jacques Barbaut :

Jean-Luc

Etant données

la lecture d'un polar de Jean-François Vilar, " C'est toujours les autres qui meurent " (Fayard, 1982 ; J'ai Lu, 1986), titre (d'ailleurs) d'après l'épitaphe de Marcel Duchamp gravée sur sa tombe à Rouen, avec attaque d'un commando "artistique" prenant d'assaut le centre Pompidou animé par une certaine Rose, se passant en juin 1981 (marée rose des législatives après l'élection du Mythe errant), dont pas une page je pense ne s'abstient d'une référence amusée ou agacée à l'oeuvre du Marcel...


et celle de Jean Suquet (le plus grand rêveur du Grand Verre devant l'Eternel), in " Eclipses et Splendeurs de la virgule ", l'Echoppe, 2005 (p. 97) :

Les ready-mades sont des choses qui, hormis leur prix d'achat au Bazar de l'Hôtel de Ville, valent "rien" (permettez-moi d'encadrer l'absence du "ne" de la négation), des choses qui signifient "rien".


alors DADA fourbu, oui, ou ROSSE plutôt que Rrose...


ces jours

Jacques

Note JLB : Il y a deux versions de cette épitaphe : " D'ailleurs, c'est toujours les autres qui meurent " " D'abord, c'est toujours les autres qui meurent " Impossible de trouver sur le Web une photo de la tombe de Marcel Duchamp...

Puis un e-mail de Jimmy...

LE MARTEAU EXISTE A L'ETAT SAUVAGE

Nous avions pris son parti en 1993, dans le brûlot mensuel "Hôtel Ouistiti" (édité par JG), lorsque Pierre Pinoncelli avait réalisé une science-miction dans une copie du célèbre ready-made.

Aujourd'hui, Pierre crée le "ready-repeat" et ce n'est certes pas Duchamp qui y aurait trouvé à redire. Ni Dada. Ni même l'Art et les artistes, que Cravan n'aimait pas, mais s'il avait connu Pinoncelli, lui aurait-il donné un baiser ?

C'est bel et bien la toute-puissante Economie, qui sait phagocytement tout récupérer à son profit, qui s'en trouve égratignée.
L'umour, la provocation, l'oeil sauvage et l'écart absolu ne s'en sentent que mieux.

SOLIDARITE AVEC « PINE AU CIEL »
(C'est ainsi que Noël Arnaud, en 1993, avait affectueusement surnommé Pierre Pinoncelli)

Bien le bisou
Jimmy

6.1.06

Hommage à Marcel




PARIS (AP) - Un homme de 76 ans a été placé en garde à vue pour s'être attaqué à une oeuvre de l'artiste Marcel Duchamp, un urinoir baptisé "Fontaine", datant de 1917, et présenté dans le cadre de l'exposition Dada au Centre-Pompidou à Paris, a-t-on appris jeudi de source policière.

Cette homme, domicilié à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), s'en est pris à l'urinoir mercredi entre 11h30 et 12h00 durant les heures d'ouverture au public. Armé d'un marteau, il a légèrement ébréché l'oeuvre, précisait-on au Centre-Pompidou.

La valeur de la "Fontaine" de Marcel Duchamp est estimée à trois millions d'euros.

Interpellé, l'auteur des faits a été placé en garde à vue au service d'accueil de recherche et de l'investigation judiciaire du commissariat du 4e arrondissement de la capitale. Son identité n'a pas été rendue publique. En état de récidive, l'homme n'a pas été remis en liberté et devrait être déféré au parquet en vue d'une éventuelle mise en examen.

Durant sa garde à vue, l'homme n'a semblé rien regretter de son acte, le justifiant même en invoquant une performance artistique que n'auraient pas reniée les artistes Dada.

L'auteur n'en est pas à son coup d'essai. Déjà, en 1993, il avait uriné dans cette même "Fontaine", alors exposée au Carré d'Art de Nîmes (Gard).

Le Centre Georges-Pompidou, ou Beaubourg, a porté plainte. L'oeuvre de Marcel Duchamp a été retirée de l'exposition pour être restaurée. AP


Suite au fracas provoqué par l'attaque de l'urinoir, la réaction de Thierry Théolier, auteur de "Crevard [baise-sollers]" :

"L'artiste Pierre Pinoncelli a été placé en garde à vue pour s'être attaqué à un multiple objectal-anal du con.cept pisseux du rentier Marcel (qui rappellons-le, la crevure Marcel - tout en niant la peinture - vendait en loose-d des croûtes d'un pompier-dont-j'ai-oublié le prénom-et-la-caserne) un multiple de l'urinoir (l'original a été paumé en 1917 par les sbires du plastoc et de la faience) surexposé aujourd'dhui dans la suprématie du con.texte : l'exposiFion DODO au Centre-Pompichousgras à P.A.R.I.S, a-t-on appris jeudi de source policière (donc à revoir...)

L'artiste, plutôt crevard, Pierre Pinoncelli, domicilié à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), s'en est pris au con.cept donc mercredi entre 11h 30 et 12h 00 durant les heures d'ouverture au public (le vernissage V.I.P suckers étant fermé aux crevards à part pour quelques jud4$$ du SDH...). Armé d'un marteau, il a cassé l'objet, nous cachetons - à nous intermittents de la société de l'informaFion - au
Centre-PompiChouxgras.

La prix de l'objet fake marchand du rentier Marcel la crevure est estimé à trois millions d'euros (pendant ce temps les SDF crèvent la dalle)

Interpellé, le casseur de hype a été placé en garde à vue au service d'accueil de recherche et de l'investigaFion judiciaire du commissariat du 4ème arrondissement de la capitale du FRIC.

Son identité a été rendu publique sur le SDH aujourd'hui même alors que l'instituFion du POUVOIR veut garder l'anonymat du casseur de hype.

En état de récidive artistique, Pierre Pinoncelli n'a pas été remis en liberté et devrait être déféré au parquet en vue d'une éventuelle mise en examen.

Durant sa garde à vue, Pierre Pinoncelli n'a semblé rien regretter de son acte, le justifiant même en invoquant une performance artistique que n'auraient pas reniée les artistes comme Clément Pansaers et Tristan Tzara (La Bretonne aurait désapprouvé cette grosse suckeuse carrièriste qui a lourdé Roger Caillois et Momo, véritable crevure du pouvoir comme le cancéreux-de-la prose-j'me-tâte-mais-je-fais-mettre- des-tables-d'écoute-partout-et je-nie-devant-les-cameras-de-la-Répu-oblikkk-Mittérenculé!)

Pierre Pinoncelli n'en est pas à son coup d'essai. Déjà, en 1993, il avait uriné dans ce fake urinoir, alors surexposé au Carré d'Art de Nîmes (Gard). src= http://membres.lycos.fr/pinoncelli/historique.htm

Le Centre Georges-PompiChouxGras a.ka.ka Bobobourg, a porté plainte. Le fake du con.cept a été retiré de l'exposition pour être remplacé ou restauré (who's cares ?
Nobody...) pour mieux être VENDUE à la crevure la plus thunée de HYPE WORLD.

Alors tous en choeur et de tout coeur :

Mer(d)chie Pierre Pinoncelli !
http://membres.lycos.fr/pinoncelli

src= SDH after AFP"

5.1.06

Un monde de tricheurs



Lendemains de fêtes difficiles... Je lanterne, je lambine. Mes meilleurs voeux tout de même pour cette année débutante.



Marjolaine Sirieix, illustratrice de talent, s'est amusée à "croquer" J.R. Au final un T-shirt collector en un seul exemplaire... Merci Marjo. On peut consulter également ses dessins sur son blog.


Unknown photographer, undated. Members of the Paris Dada group. Carlton Lake Collection. 1st Row: Tristan Tzara, Céline Arnauld, Francis Picabia, André Breton; 2nd: Benjamin Péret, Paul Dermée, Philippe Soupault, Georges Ribemont-Dessaignes; 3rd: Louis Aragon, Théodore Fraenkel, Paul Eluard, Clément Pansaers, Emmanuel Faÿ

En parlant de dessins, la semaine dernière chez une vieille dame, je m'émerveillais devant un petit tableau orientaliste, finement réalisé. "C'est Emmanuel Faÿ qui l'a peint" me dit-elle. Ce musicien et peintre, frère de Bernard Faÿ, s'est suicidé à New York en 1923. Selon mon hôtesse, la cause de ce suicide serait l'amour fou (non partagé) qu'il éprouvait pour Cocteau. On ne sait pas grand chose sur Emmanuel Faÿ, aujourd'hui complètement oublié. Dans un entretien radiophonique (merci à Eric qui m'a envoyé ce fichier MP3) Soupault raconte qu'il a reçu de New York une lettre d'Emmanuel Faÿ où il écrit : "Comment vivre dans un monde où tout le monde triche?" On trouve dans le Journal de Gide, une autre version de cette citation : "On n'a pas le coeur à jouer dans un monde où tout le monde triche". Quant à Claude Arnaud, le biographe de Cocteau, il écrit qu'Emmanuel Faÿ s'est laissé mourir quelques jours avant la disparition de Radiguet... Qui est ce mystérieux jeune homme dont on aperçoit le visage sur une célèbre photo du groupe Dada?



Courrier électronique de la semaine :

bonjour,
j'ai longtemps hésité avant de vous écrire - timidité d'un anonyme provincial - mais il faut pourtant vous dire mon attachement pour votre journal et ma passion de Rigaut qui remonte à mes 18 ans ( j'en ai maintenant 56 ) à l'époque ou un ami boulonnais ( pierre Vandrepote pour ne pas le citer ) m'a fait découvrir le surréalisme et avec lequel j'ai participé quelques années au mouvement " PHASES " d'édouard Jaguer.Depuis lors,j'ai toujours essayé de rester fidéle à ce souffle de liberté et l'Umour mélé de désespoir de Rigaut ne m'ont jamais quitté; j'attends maintenant avec impatience votre livre ( aprés le superbe article de la N.R.F ) tout en sachant que s'il signifie la fin du blog j'aurai le sentiment d'y avoir peut etre perdu au change ! 2 émotions récentes : l'une en voyant la photo en contre jour ( quelle découverte ) et l'autre en lisant le mail d' "O" . relu récemment les mémoires de Losfeld - il aurait pu s'abstenir du passage sur Rigaut qui est d'un mauvais gout notoire . une anedote avant que d'en terminer.Etant en vacances il y a une quinzaine d'années du coté de Rennes et ayant su que Hervé Jaouen ( qui avait contribué en compagnie de Villard et Daenninx au renouveau du roman policier français avec notamment " la mariée rouge " ) y était employé de banque ,je lui ai rendu visite et l'ai invité a prendre un verre pour discuter un moment.Ma premiére question fut bien sur de savoir pouquoi il avait mis la phrase de jacques Rigaut " essayez , si vous le pouvez,d'arréter .... " en exergue d'un récent polar et qui collait si bien avec son écriture.j'attendais beaucoup de la réponse mais il l'avait prise dans un livre de citations !! Autant dire que ce fut plutot "brève rencontre" .
merci de me faire partager votre recherche de Rigaut " derrière son double ".
AMICALEMENT
JEAN PIERRE HERANT
P.S : je cherche des infos sur Dédé SUNBEAM ( mais je n'ai trouvé que quelques références éparses pour le moment - google , l'atelier de Breton ou les mémoires de quelques surréalistes - bien peu de choses ).