26.11.05

Good news



"Je suis initié à la guerre qui est une chose épatante, esthétique, lyrique, sportive." (Jacques Rigaut)

"Monsieur,

Vous avez souhaité consulter des archives du ministère de la Défense concernant l'écrivain Jacques RIGAUT, dans le cadre de la rédaction d'une biographie. (...) Votre demande est agréée.

Le contrôleur général des armées. Directeur de la mémoire du patrimoine et des archives."

23.11.05

Sixième sens


William Petersen dans "Manhunter" (1986) de Michael Mann

En regardant hier soir l'excellent "Manhunter" (le sixième sens) de Michael Mann, j'ai été frappé par l'obsession monomaniaque du personnage principal, le profiler Will Graham (William Petersen) qui tente de reconstituer le profil d'un serial killer à l'aide de quelques maigres éléments. Au fil des indices, Will Graham va dresser un portrait détaillé du tueur jusqu'à la confrontation finale... Pour les besoins de son enquête, Graham se met littéralement dans la peau de celui qu'il poursuit sans relâche, jusqu'à faire vaciller sa propre santé mentale. Un biographe au long cours peut partager avec le profiler cette même obsession. A l'instar du profiler, le biographe doit parfois adopter une attitude caméléonesque afin de mieux appréhender son sujet. Sortir du flou pour le net, du lointain pour la proximité.

Entretien cet après-midi avec Silvain Gire dans les locaux d'Arte pour le bonus du DVD du "Feu follet" qui sortira début 2006. D'après Silvain, peu de gens savent que le film est inspiré de la vie de Jacques Rigaut, romancée par Drieu. Ce bonus est donc le bienvenu...

19.11.05

Oxymore


La grande rue de Patchogue, le 27 juin 2005.

Deux heures d'entretien hier avec Flora Bernard qui prépare une émission sur Jacques Rigaut pour "Histoires possibles et impossibles" de Robert Arnaud sur France Inter. Cet entretien fleuve m'a permis de confronter et d'échanger des points de vue intéressants sur la vie et l'oeuvre de J.R. Flora m'a fait remarquer avec justesse le caractère oxymorique de "Lord Patchogue", Lord signifiant seigneur et Patchogue, nom d'un village insignifiant de Long Island à l'atmosphère anxiogène sans attraits particuliers.

16.11.05

Les guêtres de J.R.


Jacques Rigaut en 1922 par Man Ray.
Image inédite. Copyright Centre Pompidou.

"En faisant de l'oisiveté un art de vivre en soi, indépendant des ressources matérielles auxquelles il est habituellement rattaché, le dandy est parvenu à en faire une utopie accessible, en imagination du moins, à ceux qui considèrent que l'élégance n'est pas un héritage réservé à ceux qui sont nés." ("L'esprit dandy", Henriette Levillain)

"En outre, j'ai eu faim (3 bananes en 4 jours), mais faim dans du linge très net, merci." (Extrait d'une lettre de Jacques Rigaut à Colette Clément, New York, novembre 1927)

Je passe la plume à Frédéric Ndao en espérant que je pourrai répondre à ses questions dans cet ouvrage à venir...

"Bonjour M. JL BITTON

J'espère et j'en suis persuadé que votre travail d'enquêteur sur J. RIGAUT
avance à grand pas.. Vous serez vraiment le seul Biographe sur cet homme toujours aussi fascinant et énigmatique. Je voudrais savoir qu'elle a été le moteur dans cette volonté de recherche. La volonté de résoudre une énigme aussi obscure dans la littérature française et dans l'histoire de l'art. La lecture de votre blog a ravivé ce besoin de vivre avec ce personnage qu'est Jacques Rigaut. Je crois que tout ceux qui vous supportent et que vous entraînez derrière vous vivent avec lui. Très peu de gens m'en ont en parlé avant que je lise votre blog. 3 personnes seulement, depuis l'âge de 19, 20 ans. C'est peu. Et d'une façon toujours anecdotique. Mon intérêt pour Jacques Rigaut lui aussi inexplicable. Bien avant la découverte du film de Louis Malle, la lecture du feu follet sur un banc public d?un square parisien par un dimanche d'hiver. C'est un personnage qui depuis un vingtaine d'années est venu, puis est reparti, pour revenir et s'enfuir de mes préoccupations, de mes passions, de mon métier, etc. Comme je le disais dans un de mes articles par autodérision
« Je vote à gauche, mais je lis des écrivains de droite... » Ca c'est pour
Drieu... Bref, j'attends avec impatience la sortie de votre biographie, la première, la plus riche... Il n'y a pas de relation de causes à effets, mais cela m'entraîne à
revoir et à lire « Un long dimanche de fiançailles », le court chapitre consacré à Jacques Rigaut dans la Bio de Drieu par Frederic Grover et autres, et ce 11 novembre qui ravive le souvenir des anciens combattants, me fait fouiller dans des piles de bouquins sur Craonne, Verdun, Nivelle?..Des discussion téléphonique avec ma mère qui garde le souvenir de visite sur l'ossuaire de Douomont, les tirailleurs Sénégalais etc. Je n'ai pas trouvé à acheter « En joue » de Soupault. A la bibliothèque G.Pompidou, il est disponible. Je ne veux pas vous faire perdre votre temps, mais je voudrais connaître le passé militaire de J. Rigaut (quel régiment, quel grade, quel endroit et combien de temps, l?Artois, la Somme, etc.) Cela me replonge
dans les histoires de mon grand-père qui a passé son conseil de révision en 18, juste à temps pour ne pas être mobilisé. Je pense qu'il en a gardé un complexe dans cette France d'après guerre occupée par tous ces hommes qui avait connu le front. J'ai scanné pour vous, mais vous devez déjà le connaître. L'article de Frederic Grover paru dans le Magazine Littéraire N° 143 de décembre 1978 en page 28 intitulé un « Roman qui fait encore peur : le feu follet. Une doc de plus que vous connaissez certainement. Depuis que je me suis remis sur Rigaut grâce a vous (je ne connaissais pas votre blog avant d'avoir photographié sa tombe.) tous les gens me
disent, encore ! Mais tu es amoureux ! Rassurez vous, je n'ai pas changé de
genre. Je parle à tout le monde de votre site et plusieurs personnes
découvrent J. RIGAUT dont ma mère. (Sourires)
Bon courage et grand merci pour ce travail. Ca c'est du boulot !"

11.11.05

Hommage à M.K.


Martin Kay à l'exposition Dada, Paris le 10 novembre 2005

Prénom : Martin
Nom : Kay
Né en 1941 à Kendal près de Liverpool
Signe particulier : toujours dadaïste au XXI ème siècle

Rendons hommage à Martin Kay sans qui rien ne serait arrivé. Avant d'être expulsé de France en mai 68, Kay a passé plusieurs années à travailler sur la vie et l'oeuvre de Jacques Rigaut. En stop, à vélo, il a parcouru Paris et l'Hexagone pour rencontrer les derniers témoins du mouvement Dada : Ribemont-Dessaignes, Soupault, Pierre de Massot, Georges Auric, Man Ray, Jacques Baron, Marcel Duchamp, Paul Chadourne... Il s'est également rendu chez le frère de Jacques Rigaut (qui venait de mourir) pour déchiffrer et retranscrire des manuscrits inédits de J.R., disparus aujourd'hui. L'éditeur (entre autres de Jean-Pierre Duprey et Stanislas Rodanski) François Di Dio (récemment décédé) lui confie alors la liasse de manuscrits qu'a laissée J.R à sa mort. L'aboutissement de ce travail de sauvegarde littéraire sera l'édition intégrale des écrits de Jacques Rigaut chez Gallimard en février 1970. Sur la page de garde de mon exemplaire, Martin Kay m'a écrit cette dédicace : "La vie est dangereuse : la preuve c'est qu'on finit par en mourir."



7.11.05

Jack Rigow et ses frères




"Bon, je ne dois certainement pas être la seule : on est inquiet. Pas de news depuis 8 jours, et un message elliptique "ne sais quand reviendrai"."

Merci à Isabelle de s'inquiéter, mea culpa! Depuis le début de ce blog (9 mois déjà!) j'ai habitué mes lecteurs à des "update" réguliers, disons tous les 3, 4 jours... Un rythme qu'il me sera difficile de tenir pendant peut-être deux ou trois ans encore. Dorénavant, mes mises à jour seront plus irrégulières. Je compte sur votre compréhension.:)

Mon ami américain Anton Newcomb du groupe the Brian Jonestown Massacre m'a écrit également pour me dire ce qu'il pensait des "événements" actuels dans nos banlieues : ""don't you have a car fire to put out or something?...perhaps you should get off of your computor, and bake some cookies...take them outside...and give them to those angry kids and explain to them in a calm voice that there are no ethinic communities in france...you are either french and welcome...or you should go back home. but what do i know?i am a stupid american. best wishes from burger-king-landia."

En juin dernier, lors de mes recherches à New York, j'avais tenté en vain de retrouver la maison de Cecil Parker Stewart à Oyster Bay où, un soir d'été 1924, J.R. se jeta dans un miroir dans l'espoir de passer de l'autre côté...ainsi naquit Lord Patchogue. Avant de partir, j'avais pu tout de même localiser la parcelle où se trouvait la maison et identifier l'actuel propriétaire. Je lui ai envoyé de France une lettre qui est restée sans réponse. Entre-temps, Cati Laporte a trouvé une photo aérienne (voir ci-dessus) en vente sur E-Bay de Centre Island, la presqu'île d'Oyster Bay où se situe la demeure. Je l'ai achetée. C'est Clarisse qui doit me la ramener de New York en décembre, le vendeur n'envoyant pas ses objets en Europe. Cette carte me permettra de voir la maison et de réaliser une comparaison avec la version satellitaire de Google Earth...






Valérie Stroh, la compagne de Jean-Pierre Darroussin, m'avait déjà parlé d'une version télé du "Feu follet", dans laquelle elle tenait un rôle. Frédéric Ndao m'a envoyé un mail à ce sujet : Bonjour M. Bitton. Je ne sais pas si vous êtes allé à l'Ina pour visualiser "le feu follet" adapté par Eric Emmanuel Schmitt et Gerard Vergez. Les dialogues sont de Eric Emmanuel Schmitt. Realisation de Gérard Vergez.
Les acteur principaux sont Laurent Malet dans le rôle d'Alain Leroy. Christine Boisson dans le rôle de Dorothy/Gladys Barber. Thierry Fortineau, Josiane Stoleru, Valérie Stroh. Vous trouverez ci joint quelques images capturées sur écran."

Je suis curieux de voir cette version, d'autant plus que je suis un admirateur inconditionnel de la merveilleuse Christine Boisson...




Thomas Baumgartner me signale également la la parution du Dictionnaire Zéro aux éditions Melville qui présentent ainsi leur ouvrage : "Dans la lignée du Glossaire, j'y serre mes gloses de Michel Leiris, et du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, Nicolas Boissier et Grégory Noirot nous proposent 125 définitions subjectives et fantaisistes : aphorismes, poèmes, récits, recettes, anecdotes...
Chaque définition est l'occasion de faire surgir un univers bariolé et ludique, qui puise son inspiration dans toutes les sources du savoir pour renouveler le regard du lecteur : Épouvantail retrace les pérégrinations d'un chanteur punk, Journal l'art divinatoire de la presse, Nuage la dispute entre frères ennemis? À la fois art poétique héritier du surréalisme et manuel d'art de vivre, ce texte mêle éléments mythiques et enjeux plus actuels. Ces fragments, qui autorisent une lecture aléatoire, tissent cependant une même recherche : introduire du « jeu », dans tous les sens du terme, au sein de l?existence. Dans cette sorte de « brocante » des mots, telle que l?évoque le préambule, ceux-ci redeviennent « trouvailles » de chineur, incitations à recréer les mots et le monde : « Zéro est une clairière. Celle où tout commence. »

J.R. est mentionné dans ce dictionnaire zéro à la définition du mot "canular"...
Grégory Noirot, l'auteur de la notice, avait déjà signé un article sur Rigaut.




"Je ne laisserai pas Dieu choisir le jour de ma mort"
"Très souvent. Je me passe la scène de ce moment-là... C'est de ne pas le faire qui est difficile. Mener une réflexion pour ne pas passer à l'acte. Le faire, c'est un jeu d'enfant". Jacques Rigaut a écrit quasiment les mêmes propos, mais c'est Alain Delon qui a les a tenus récemment dans un entretien avec Paris Match. Il faut se souvenir qu'Alain Delon a été l'ami de Maurice Ronet : « Je n'ai pas encore digéré le départ de Maurice Ronet. (...) Si tu demandes aux jeunes qui c'est, il n'y en a même pas un seul qui le sait. « Maurice Ronet, c'est quoi ? Un politique ? »Il faut aussi se souvenir de "Plein Soleil", du "Guépard", de "La Piscine", du "Samouraï", de "Monsieur Klein" et le meilleur pour la fin, de "Rocco et ses frères"...