6.9.05

Frères Jacques



"Les morts violentes par suicides font l'objet de rapports particuliers, réalisés par la gendarmerie ou les commissariats de police, avec certificats médicaux. Les dossiers sont parfois classés à part. Le registre du parquet relève pour les suicides les noms, prénoms, état-civil, domicile, profession des victimes ainsi que la date, le genre de mort et les motifs présumés des suicides." (Guide des archives judiciaires et pénitentiaires, CNRS éditions)

Véritable partie de billard à trois bandes pour retrouver le rapport administratif du suicide de J.R. 1) Les archives de Hauts-de-Seine me renvoient: 2) aux archives de Paris (en 1929, Châtenay-Malabry dépend du département de la Seine) qui concervent les dossiers du parquet du Tribunal de Première Instance 3) aux archives de la Préfecture de Police de Paris qui conservent les registres de l'Institut Médico-Légal.

Aux archives de Paris, je fais une demande de recherche dans les "dossiers mort sans suite". Trois semaines de délai pour avoir une réponse. La spécialiste des archives judiciaires me conseille également de recontacter les archives des Hauts-de-Seine pour leur demander une recherche dans leurs "fonds de la justice de paix" où sont enregistrés les "actes de juridiction gracieuse" dans lesquels se trouvent les "appositions des scellés" qui décrivent les lieux du suicide.

Je fais chou blanc aux archives de la Préfecture de Police de Paris. Nulle trace de J.R. à la date du 6 novembre dans le registre de l'Institut Médico-Légal de 1929. Une mention m'aurait permis d'avoir accès au rapport d'autopsie. A suivre...

Jouissive lecture de l'essai de Bertrand Lacarelle (Grasset mars 2005) sur l'autre Jack. "Jacques Vaché est l'homme que j'ai le plus aimé au monde" écrivait André Breton en 1949 à Marie-Louise Vaché, la jeune soeur de Jacques Vaché. Je me suis souvent demandé pourquoi Breton ne s'était pas plus intéressé à Rigaut. Un début de réponse se trouve peut-être dans la déclaration de Drieu après la mort de J.R, déclaration rapportée par Maurice Martin Du Gard : "Les surréalistes en feront un Saint dans leur Eglise. Ils l'en avaient chassé avec des injures." Drieu lui-même écrira un déchirant mea culpa, "Adieu à Gonzague" :"Ma plus grande trahison, ç'a été de croire que tu ne te tuerais pas."

Quant à Rigaut il avait déjà donné sa réponse : "On a trouvé hier dans le jardin du Palais-Royal le cadavre de Dada. On présumait un suicide (car le malheureux menaçait depuis sa naissance de mettre fin à ses jours) quand André Breton a fait des aveux complets."