24.5.05

La valise pleine


Guérin à gauche, Calet à droite

Reçu ce matin l'imposante correspondance (1938-1955) entre Henri Calet (1904-1956) et Raymond Guérin (1905-1955) qui paraîtra au Dilettante le 2 juin prochain. Avec l'établissement de cette correspondance, Jean-Pierre Baril - qui prépare une biographie d'Henri Calet (à paraître chez Flammarion)- a encore une fois réalisé un travail remarquable. Une préface lumineuse, une mise en page fluide, des notes discrètes mais pertinentes, index des noms des personnes, index des titres d'oeuvres, textes et périodiques. Les chercheurs et les amateurs d'épistolaire apprécieront. Les admirateurs de Calet et de Guérin également... Calet qui écrivit dans son carnet de notes, trois jours avant sa mort, ces mots touchants : "Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes." Quant à Guérin, on se souvient de son implacable réponse, aux vitupérations d'un critique, dans la postface de son roman "Quand vient la fin", une description sans concessions de l'agonie de son père :" J'accorde que Quand vient la fin est un livre âcre, que je l'ai écrit avec une humeur assez noire. De page en page, il s'enfonce inexorablement dans la nuit. Pas de repos, pas de paix, rien que cette lente décomposition de l'individu et de son pustuleux destin. Mais je serais désolé qu'on me limite à l'expression que j'en ai donnée. Je suis le premier à souhaiter la venue du jour où je pourrai écrire une oeuvre de clarté et de confiance en la vie, dans un monde qui connaîtrait enfin le règne de la dignité humaine."

Deux jours avant de partir à New York, j'obtiens des précieuses informations sur un ami de J.R. qu'il fréquentait outre-Atlantique. Ce Français qui épousa une Américaine à Paris en 1926, puis immigra aux Etats-Unis, avait la réputation, selon mon informateur, d'être une "tête brûlée".

Je remplis ma valise.