21.2.05

Gonzo vs Dada



Ce blog ouvrait le dimanche 20 février 2005. Hunter S. Thompson, l'inventeur du journalisme "gonzo" choisira ce même dimanche pour mettre fin à ses jours. L'auteur de "Las Vegas Parano" crachait sur la sacro-sainte objectivité du journalisme, revendiquant une totale subjectivité, signe de transparence et de liberté. Si les écoles de journalisme s'en tenaient à cette pédagogie, la presse d'aujourd'hui serait moins sclérosée, moins ennuyeuse... "Le journalisme objectif est l'une des principales raisons expliquant pourquoi la politique américaine a pu être à ce point corrompue pendant si longtemps", disait Thompson. "On ne peut pas être objectif avec Nixon. Comment peut-on être objectif avec Clinton?" Je ne vais pas faire mon Greil Marcus mais, quand on y réfléchit, gonzo n'est pas si loin de Dada. On peut même s'amuser à y voir une proximité certaine dans des "valeurs" communes comme (entre autres) le goût du risque, la vitesse, l'absurdité comme règle de vie, le refus du conformisme et du pouvoir, un penchant pour l'alcool, les stupéfiants et une fascination pour les armes à feu... Mon hommage personnel à Hunter S. Thompson sera cet extrait d'un article de la revue "Belles-Lettres, Arts & Critiques"(mars 1921):

« Les dadas, gens, dit-on, incompréhensibles, ne le sont que parce qu'on s'obstine à ne point vouloir les comprendre. Leur théorie est simple et lumineuse : un mot, un seul, exprime une pensée, une sensation, un paysage, un geste. Et comme ils accolent à une vitesse vertigineuse les mots, les uns aux autres, il s'agit simplement pour les comprendre de se laisser entraîner par le tourbillon des idées chevauchantes les unes sur les autres. Cela me paraît très clair."

Have you got it Hunter?